Interview de l'auteure Clémentine Beauvais par Annelise Heurtier
1.Hello
Clémentine ! How are you ?
¡Muy bien ! ah zut, il fallait que je réponde en
angliche ?
2.Tu habites donc de l'autre côté de
la Manche...Qu'est ce qui t'a amené là-bas ?
A. l'odeur
des muffins
C. Un beautiful boyfriend with many muscles
D. Autre.
Mais alors quoi ?
L’option B
reste inabordable, mais le coup des muffins et du boyfriend, je vais pas dire
le contraire… Sinon, la raison officielle, c’est que je suis partie après le
lycée parce que je n’étais pas copine avec le système éducatif français :
disons qu’on n’avait pas d’atomes crochus, la prépa-normale-sup-dissertation-en-trois-parties
et moi. Je me suis tout de suite sentie chez moi à Cambridge, où j’ai d’abord
fait une licence d’éducation et de lettres, avant d’enchaîner sur un master de
littérature jeunesse et maintenant un doctorat ! J’avais dix-sept ans à
l’époque, et ça fait donc six ans que je suis semi-British, et que je conjugue
travail universitaire et écriture.
3. Tu as commencé à écrire à 10 ans
(!). Quel type de manuscrit avais-tu
envoyé ?
Les lettres de refus sont-elles plus policées quand l'auteur est un enfant ? ;-)
Les lettres de refus sont-elles plus policées quand l'auteur est un enfant ? ;-)
J’écrivais
déjà quand j’étais toute petite, mais j’ai fini mon premier roman à dix ans. Il
s’appelait La guerre des bonbons,
c’était une histoire de compétition entre deux chocolateries. J’étais
absolument convaincue que la Terre entière voudrait le lire, et ma mère a eu le
coup de génie de ne pas me rire au nez. A la place, elle m’a dit : ‘Eh
bien, envoyons-le donc aux éditeurs’. On l’a relu, édité, imprimé, fait des
recherches, envoyé par la poste. J’étais certaine qu’il serait pris illico
presto, mais mystérieusement, non. Par contre, j’ai reçu des lettres
extraordinaires d’éditeurs, que j’ai gardées : de longues lettres hyper
détaillées et encourageantes, m’expliquant à quels endroits il y avait des
longueurs ou des problèmes d’intrigue, et me disant de persévérer et que
j’y arriverais un jour!
Après,
presque à chaque fois que j’avais fini un projet, je l’envoyais à des éditeurs.
Donc ça fait maintenant 13 ans que j’envoie… et seulement 2 ans que je suis
publiée ! comme quoi, il faut vraiment
persévérer.
4. Est-ce que tu peux nous décrire
une journée de Clémentine Beauvais ?
Clémentine
Beauvais se lève à sept heures du matin et consomme son premier mug de café
après vingt minutes de Pilates. Après ça, rien n’est certain. Mon boulot à la
fac me prend beaucoup de temps – j’enseigne la philo de l’éducation aux
première-années de licence – et évidemment, je suis censée écrire ma thèse de
doctorat. Donc l’écriture s’insinue ci et là dans les interstices de mon emploi
du temps. J’ai toujours des idées en tête, et pas toujours le temps de les voir
prendre forme. Mais je me promène toujours avec mon bébé-ordinateur, un netbook
qui ne me quitte pas – donc j’écris parfois un chapitre ou deux à la
bibliothèque, au lieu de bosser sur mes papiers de conférence (le dites pas à
ma directrice de thèse). Quand je suis sur ma lancée, je peux écrire pendant
toute une journée, généralement au café – mais il faut ensuite que je rattrape
mon retard sur mes écritures universitaires. En gros, je passe constamment de
l’écriture ‘critique’ à l’écriture ‘créative’, avec plus ou moins de facilité
selon l’humeur et le moment.
5. Quel est ou quels sont les ouvrages dont tu es la plus fière ?
(Difficile à
dire, parce que je ne suis jamais contente, mais il paraît qu’il ne faut pas
dire ça !) Si j’aime mes livres, ce sont pour des raisons différentes. Je
suis fière de Samiha et les fantômes
pour les convictions qu’il véhicule ; je suis fière des Petites filles top-modèles car je sais
que beaucoup de petites lectrices l’ont aimé ; je suis fière de La plume de Marie parce que c’est un
livre que j’aurais aimé lire étant petite, et qui, je crois, est assez hors du
commun. Mais là, j’en ai encore d’autres qui arrivent, et d’autres raisons
d’être fière – le prochain, c’est On n’a
rien vu venir, un bouquin très engagé que j’ai écrit avec six autres
auteures jeunesse – Fanny Robin, Agnès Laroche, Anne-Gaëlle Balpe, Séverine
Vidal, Sandrine Beau, et une certaine Annelise Heurtier… Et puis en septembre,
un roman jeune adulte très différent, sombre et urbain, qui sortira chez Sarbacane. Après, certains livres dont je suis fière ou
qui sont chers à mon cœur n’ont pas encore trouvé d’éditeurs.
6. As-tu déjà écrit des histoires en
anglais ? Si oui, as-tu l'impression de "réfléchir" différemment
quand tu penses dans une autre langue que ta langue maternelle ?
Oui, j’écris
en anglais depuis plus de deux ans. Mais je ne suis pas encore publiée, même si
j’ai une agente. C’est très difficile ici, notamment à cause de la crise :
les éditeurs prennent moins de projets, et prennent moins de risques. On écrit
très différemment quand on écrit dans une autre langue. L’anglais est une
langue extrêmement fluide, dynamique, imagée – elle n’a pas la rigueur du
français, on peut s’amuser avec les mots, transformer les verbes en adjectifs,
décrire des impressions ou des sensations de manière extrêmement évocatrice, en
jouant avec les sonorités. Mais le français est toujours plus proche de moi,
évidemment – et c’est une langue tellement précise et percutante, articulée,
élégante. L’anglais est plus fouillis, le français plus cérébral. Pouvoir
écrire dans les deux langues, c’est comme un jeu. Certaines histoires se
prêteront davantage à l’une qu’à l’autre : elles me ‘viennent’ en anglais
ou en français, pour ainsi dire.
6.
Plus tard, comment vois-tu ta vie : auteur à temps plein ou non ?
Non, ce
n’est pas du tout dans mes projets. Je vais bien sûr continuer à écrire, et,
j’espère, à publier, mais je ne tiens pas en place et je n’aime pas la
solitude : je veux être en contact avec les gens, et faire beaucoup de
choses à la fois. J’aime énormément enseigner, et j’aime la recherche –
littéraire et philosophique, dans mon cas, toujours en lien avec l’éducation –
je veux donc être enseignante-chercheuse et
auteure. Mon blog réunit ces deux aspects de ma vie. J’ai besoin de théoriser ce que je vis, ce
que je lis et ce que je ressens, et pas seulement de manière artistique. C’est
donc vital pour moi de garder cet équilibre.
7. En un mot, qu'est ce qui pourrait
nous donner envie de nous "expatrier" comme tu l'as fait ?
Il y a des
personnes qui adorent leur pays, mais qui sont faites pour vivre dans un autre !
Mon
blog :
http://clementinebleue.blogspot.com
Mon
site :
www.clementinebeauvais.com
Bibliographie :
Mars 2012 - On n'a rien
vu venir (roman
ado) avec A-G Balpe, S. Beau, A. Heurtier, A. Laroche, F. Robin, S. Vidal.
Editions Alice.
Septembre 2011 - La plume de Marie (roman ado, ill. Anaïs Bernabé). Editions Talents Hauts.
Mai 2010 - Les petites filles top-modèles (roman ado, ill. Vivilablonde). Editions Talents Hauts.
Mars 2010 - Samiha et les fantômes (album, ill. Sylvie Serprix). Editions Talents Hauts.
Mars 2010 - Lauréate du Prix du Jeune Ecrivain. Nouvelle publiée dans le recueil L'enfant sur la falaise. Editions Buchet-Chastel.
Septembre 2011 - La plume de Marie (roman ado, ill. Anaïs Bernabé). Editions Talents Hauts.
Mai 2010 - Les petites filles top-modèles (roman ado, ill. Vivilablonde). Editions Talents Hauts.
Mars 2010 - Samiha et les fantômes (album, ill. Sylvie Serprix). Editions Talents Hauts.
Mars 2010 - Lauréate du Prix du Jeune Ecrivain. Nouvelle publiée dans le recueil L'enfant sur la falaise. Editions Buchet-Chastel.
quel parcours !
RépondreSupprimergreat interview ! What an ebouriffing girl !!^^
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