mercredi 22 février 2012

Interview de Baptistine Mesange par Agnès Domergue

Interview de l'auteure Baptistine Mesange par Agnès Domergue

Bonjour Baptistine,
Bonjour Agnès !

1)Tu écris pour la jeunesse. As tu pensé écrire pour adultes? Pourquoi?
Baptistine Mesange
J’écris pour la jeunesse  parce que ça me permet de vivre dans l’univers que je crée pour chacune de mes histoires, c’est une part de mon cœur d’enfant qui ne m’a jamais quittée.  Le monde des adultes est laid, plein de vices et de cruauté. Si j’écris pour les adultes, c’est comme si je m’enfermais à double tour dans ce monde où nous vivons tous les jours et je n’en ai pas envie.  Moi, j’ai besoin de croire encore à mes rêves de petite fille… 
Et pour être sincère, je ne crois pas que je saurais écrire pour les grands, même si j’en avais envie ! Les ados, oui, ça me tente bien. J’avoue être attirée par l’écriture d’un roman Fantasy. Un peu plus tard…
2)Comment travailles-tu un texte?As-tu des méthodes de travail?Qu'est ce qui définit TON style?
Je n’ai aucune méthode, pas de plan d’écriture…  Quand j’ai une idée dans la tête, je la laisse longtemps germer. J’y pense nuit et jour, j’imagine, je me raconte l’histoire dans ma tête. Ce temps là peut-être très long. .. Puis un jour, je commence à écrire, je cherche mes mots… des fois, ça ne vient pas tout de suite, et ça m’embête beaucoup, car l’histoire est là, dans ma tête… il n’y a plus qu’à l’écrire. Mais en fait, c’est bien plus compliqué. J’ai la fâcheuse habitude de travailler mon début avant de passer à la suite… puis chaque morceau de texte comme ça. Alors que ce serait peut-être plus simple, et surtout un gain de temps, que  d’écrire un premier jet, et de reprendre après. Eh bien non ! Tant que la lecture à voix haute ne coule pas comme je le veux… je peux rester des heures et des jours sur un début d’histoire. Voilà pourquoi j’en écris plusieurs en même temps. C’est le fouillis dans ma tête, sur les feuilles de papier qui volent… Et parfois, mais c’est plus rare, l’histoire semble s’écrire toute seule, en une heure… et là, magie ! Ça m’est arrivé deux fois, et pour moi, ce sont mes plus beaux textes… L’un d’eux paraitra cette année aux éditions Philomèle J
Mon style, lui, est un peu bohème hihi  c’est une très bonne question, mais j’aimerais plutôt la poser à mes lecteurs J
 3)Tu abordes divers thèmes dans tes projets. A ton avis, TOUT peut-il être traité en littérature jeunesse?
Oui… J’ai d’ailleurs un projet sur le thème de la mort qui avait plu à une belle maison d’édition. L’éditeur m’avait dit que mon texte était remarquable, qui le soumettrait à son comité de lecture. Il m’avait prévenue que le thème était très difficile, et que le texte serait peut-être refusé à cause de ça. Le verdict était tombé quelques mois plus tard, le comité avait jugé que l’album ne rencontrerait pas un public assez large, et qu’il fallait penser aussi aux ventes. Bon…
Pour répondre précisément à la question : oui, selon moi tout peut être traité en littérature jeunesse, et je dirais même, tout DOIT être traité. Parce que justement, les enfants rentreront un jour dans le monde des adultes, et il ne faut pas qu’ils tombent de leur nuage de trop haut. Et malheureusement, certains enfants y entrent plus tôt que d’autres… c’est dur de se le dire, mais c’est la vérité.
 Je crois qu’un livre est la plus belle manière de leur dire « oui, il y a des trucs moches aussi, dans la vie. » Le secret, c’est la façon de l’aborder dans une histoire… tâche délicate.
4)J'ai remarqué que tu te lançais dernièrement dans l'illustration. Quel a été ton déclic et pourquoi? Penses-tu illustrer tes propres textes?
J’ai toujours dessiné. Mais il y a environ deux ans, j’ai voulu faire de vraies images, jolies et tout et tout ! Ça a été très dur… je n’arrivais pas à trouver un style, à me sentir bien dans une technique, alors je cherchais, je gribouillais. J’en ai déchiré des feuilles ! Des fois, je me mettais à pleurer comme une petite fille, car c’était moche… en fait. Je voulais trop que mes images soient belles, ça me faisait rager. Je voulais un style, alors que ça ne s’invente pas… Aujourd’hui, je ne sais pas si mes images sont jolies ou pas,  mais j’aime ces moments de rencontre avec ce qui prend vie sous mon crayon et mes pinceaux. Je ne sais pas non plus si j’ai un style, mais je me retrouve dedans. Et c’est ce que je voulais. Alors, j’ai décidé de les montrer.
J’ai eu envie de me lancer « pour de vrai » dans l’illustration grâce à des textes lus et qui m’ont fait rêver. Je me disais à chaque fois : « Ah, si je savais dessiner… ». Je me rends compte que c’est beaucoup de travail ! Mais qu’est-ce que c’est agréable… je ne peux plus m’en passer, j’ai toujours envie de créer des personnages, c’est une autre façon de raconter des histoires.
Je travaille sur un projet texte/illustration en ce moment. J’ai commencé par une image, j’ai écrit un petit morceau de texte dessus… puis j’ai poursuivi mon récit, j’ai collé une autre image dessus… et comme ça, de fil en aiguille, mon histoire se raconte, par mes mots et mes images. C’est que du bonheur ! Maintenant, j’ai hâte d’en montrer des petits bouts pour recueillir des avis…
5)Qu'est ce qui fait qu'une image est forte? Qu'est ce qui fait que tu adores, ou que tu détestes?(sans me répondre que cela ne s'explique pas...)
Une image doit me faire ressentir de l’émotion… me faire rire, me choquer, m’attrister, me révolter ! Mais, il doit se passer quelque chose. S’il ne se passe rien… c’est qu’il n’y a rien.
Je déteste : ce silence dans une image. Les illustrations qui sont un copié-collé du texte, qui ne laissent rien imaginer d’autre…
J’adore : quand elle me raconte une histoire à elle toute seule !
 Il n’y a pas forcément un « style » d’illustration que j’aime ou pas. A partir du moment où une image prend vie dans ma tête, c’est que j’aime !
6)Je crois que le rapport texte/image est très lié dans tes albums. Peux-tu me citer des exemples de tes projets dans lesquels tu as privilégié ce rapport avec l'image? As-tu des exemples d'albums dans lesquels le rapport texte/image t'a marqué?
La beauté d’un album, c’est la rencontre  entre le texte et les images… toujours complices pour emmener le lecteur dans un fabuleux voyage au fil des pages. L’un de mes projets « Dans la gueule du loup » (et qui doit sortir normalement à l’automne aux éditions… chut c’est un secret) repose sur la complémentarité texte/image. Je n’en dis pas plus ! Sinon, j’ai un projet pas encore terminé qui s’appelle « Un poussin peut en cacher un autre », les illus racontent autre chose que le texte, je trouve ça excellent de les découvrir au fur et à mesure !! Mais bon, il est un peu en mode « repos » en ce moment… l’illustratrice doit être débordée… mais il y en a un petit morceau sur mon blog.
Il y a un album qui m’a profondément marquée, c’est « Ami-Ami » de Rascal et Girel. Je le conseille à tous les amoureux de la littérature jeunesse. Il est riche, très riche ! L’histoire avance sur ce rapport texte/image, le lecteur est lui-même acteur du livre, à lui d’interpréter la fin de l’histoire à sa façon… un pur moment de lecture d’album, comme j’adore ! Et tous les albums de Rascal sont comme ça, c’est d’ailleurs l’auteur jeunesse que je préfère.
Je pense aussi à « Mon chat le plus bête du monde » de  Gilles Bachelet ! il est extra !!
7)Quel est le projet dont tu sois la plus fière?
Je crois qu’il n’existe pas encore…
Mais j’avoue aimer profondément « Souvenirs de papier » qui sortira aux éditions Philomèle cette année. C’est une partie de moi… ce sera un grand moment d’émotion.
8)Penses-tu écrire un roman un jour?
Oui. J’avais commencé un roman, il y a deux ans environ… puis j’ai arrêté, ça ne tenait pas debout.
Là, mon « Lulu Cadette » est en cours d’écriture. Et j’adore ! C’est différent de l’album, ça me plait beaucoup. Mais c’est nouveau, ça me fait un peu peur… alors, je prends mon temps.
9) Qu'est ce que t'apporte cet univers de littérature jeunesse ?
Il m’apporte tellement… j’aime me balader dans cet univers enfantin. Me dire que peut-être, ça existe, tout ça… tout ce qu’on raconte dans les livres, même si c’est inventé.  Puis j’ai besoin de claquer la porte de ce monde où nous vivons tous pour laisser s’envoler un peu mon âme d’enfant, avant de la remettre en cage. On me dit souvent « non mais là, on n’est pas dans des histoires pour enfants ! » Je déteste ça, parfois les adultes se prennent vraiment trop au sérieux, et je regrette d’en être un…
Et puis, quand j’imagine des enfants en train de lire mes livres, mon cœur se met à battre très fort !
Et depuis que je suis maman, j’écris aussi pour mon fils, qui lira mes histoires plus tard. Il m’inspire beaucoup ! Il n’a que trois mois et demi, mais quand je lis mes textes à voix haute, j’ai l’impression qu’il m’écoute. C’est magique…
10) Tu as plusieurs albums qui vont sortir dans un proche avenir. Peux tu nous raconter une anecdote sur chacun?
Il y a « Souvenirs de papier » aux éditions Philomèle et illustré par Jessica Lisse, un petit bout de moi écrit une nuit que je n’arrivais pas à dormir…
Pour « Luis Célestin » aux éditions Plume en herbe, je pense à ma première participation au Tandem Jeunesse, une chouette aventure qui m’a fait craquer sur le petit personnage de Julie Bœuf ! Et le voilà qui sortira en septembre, le mois de mon anniversaire, youpi !
J’ai une petite anecdote pour « Jouons maître renard ! » avec les illus en couture de Lou, qui sortira également chez Plume en septembre : j’ai écrit l’histoire un soir… ma chatte Méphista (la panthère noire)était montée sur mon buffet de cuisine… je collectionne les poules, donc, il avait 2 belles cocottes là-haut. J’ai demandé à Méphista de descendre… patatras ! en morceaux les cocottes ! Pour me consoler de leur perte, j’ai commencé à écrire… « Picoti et Picota sont deux petites poules… » voilà !
En 2013, il y aura « Aïko et le petit poisson » chez Belcastel, illustré par Emilie Dedieu, là, c’est pour éponger ma tristesse quand un de mes poissons d’aquarium est mort…
Puis « Nuq et Pingouin » chez … avec Sandrine Lamour. Une petite histoire d’amitié, car on a toujours un ami qui nous quitte un jour, mais il n’est jamais loin, finalement…
Et voilà, j’aurais aimé te répondre : « la liste est trop longue ! » hihihi
11) Portrait "vite fait" :
Si tu étais un végéta l :  un coquelicot, pour sa fragilité.
Si tu étais un insecte : l’abeille, elle se promène de fleurs en fleurs, butine pour produire son meilleur miel, et elle pique seulement si on l’attaque… et puis, j’aime beaucoup les rayures (j’ai d’ailleurs un costume d’abeille ridicule au fond de mon placard).
Si tu étais un livre (je crois savoir ce que tu vas répondre...) : Le Petit prince… c’est ma philosophie de vie, ma Bible… bon, là j’avoue répondre plutôt à la question « quel est le livre que tu préfères ? »
Si tu étais un album : « Ami-Ami » de Stéphane Girel et Rascal, le point de départ de tout, celui qui m’a donnée envie d’écrire pour les enfants, et « pour de vrai ».
Si tu étais un mot : emberlificoté ! il est drôle, il ne veut pas dire grand-chose…
Si tu étais un bruit : le « cui-cui » des oiseaux (normal pour une mésange hihi)
Merci pour toutes ces questions !! ouh ! pipelette que je suis !!! J
Le blog de Baptistine Mesange : http://baptistinemesange.blogspot.com




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