Interview de l'illustratrice Christine Alcouffe par Régine Garcia
1er/
Bonjour Christine, je suis heureuse de découvrir ton univers, grâce à ce Tour
on the books. J’aimerai en savoir un peu plus sur toi, tout comme les lecteurs
de ce blog. Peux-tu me dire d’abord, quel est l’élément
déclencheur qui t’a poussée dans la marmite aux couleurs ?
Christine Alcouffe |
Salut ! Moi aussi je suis ravie de pouvoir participer à cet échange !
Quand j'étais plus jeune, j'avais l'intention d'exercer une profession scientifique, comme mes parents. Je m'intéressais beaucoup à la biologie, notamment, même si je dessinais pour le plaisir. Quand j'ai dû choisir mon orientation, en Terminale, je me suis renseignée lors d’un salon de l'étudiant et j'ai découvert différentes écoles de dessin. C'est à ce moment là que je me suis dit que les métiers de l'image pouvaient être une vraie possibilité pour moi. En rentrant, j'en ai parlé à mes parents, et, bien qu'ils ne connaissent pas du tout ce milieu, ils ont eu l'air beaucoup moins surpris par cette décision que je ne l'étais moi même. Ils m'ont laissé entièrement le choix et m'ont aidé à financer mes études. J'ai eu beaucoup de chance !
2/ Quel est ton parcours personnel ? Est-ce que cela a été facile pour toi de te lancer dans l’illustration jeunesse ?
Mon parcours n'a pas été tout à fait direct : quand je suis entrée en Mise à Niveau, à Lyon, j'avais en fait l'intention de poursuivre par un BTS Communication Visuelle, pour travailler dans la pub. Cette première année d'étude m'a permis de me rendre compte que je pouvais dessiner toute une journée sans problème et que ce monde me plaisait, mais aussi que je tenais trop à mes petits crayons pour entrer dans le graphisme. J'ai donc changé d'école et j'ai intégré Emile Cohl, une école d'illustration lyonnaise, dans laquelle j'ai fais mes quatre années d'études, jusqu'à l'obtention du diplôme, il y a un an et demi.
Après ça, il n'y avait plus qu'à se lancer dans le grand bain, avec plus ou moins d'assurance. Ces écoles ne préparent pas totalement aux difficultés de ce milieu. J'ai eu besoin de plusieurs mois avant de commencer à comprendre ce que les éditeurs attendaient d'un book, et envisager une façon correcte de démarcher les professionnels. D'ailleurs il me reste énormément à apprendre !
3 /Nous savons tous et toutes qu’il est très difficile de vivre de son art. Comment jongles-tu entre le travail alimentaire et ta passion, l’Illustration ?
Pour l'instant, cet équilibre fonctionne ! J'ai eu la chance d'être mise en contact avec le créateur de jeux en ligne Feerik trois mois après ma sortie de l'école. Ils m'ont proposé de travailler avec eux sur OhMyDollz, un jeu de fille basée sur la mode et la décoration. Depuis je produis des objets et des vêtements pour alimenter les fréquentes nouveautés proposées dans le jeu.
C'est un travail alimentaire qui me permet de rester dans le domaine du dessin et de travailler chez moi. A côté, je fais des illustrations personnelles, dès que j'ai un moment de libre, pour enrichir mon book ou honorer des commandes. L'idéal serait, qu'à force, la proportion de clients particuliers et d'éditeurs soit plus importante que celle du jeu, afin que je puisse voler de mes propres ailes.
4/
Justement, peux-tu me décrire une journée type organisée entre ton travail et
ta passion ?
Je
profite pleinement du fait de répartir librement mon travail dans la journée.
Je me lève aux environs de 8h30 ou de 9h et je me mets au travail, le plus
souvent pour OhMyDollz. A midi sonne l'heure de ma pause repas, parfois suivie
d'une pause lecture. Je reprends le travail l'après midi et je dine tôt, vers
18 heures. Le soir, quand il n'y a pas de soirée de prévue, ou de cours de
danse (je pratique le Hip-hop et la Bachata), je me remets sur la planche à
dessin ou sur l'ordinateur, en général jusqu'à 22h30.
Je n'ai
pas aménagé mon emploi du temps pour y répartir des plages de travail
alimentaire ou personnel définies. Quand il y a beaucoup à faire pour le jeu
vidéo j'y consacre du temps, et quand c'est un peu plus calme j'alterne au gré
de mes envies entre les deux.
Ça peut
paraître un peu rigide comme ça, mais en réalité je profite souvent de la
flexibilité de mon planning pour sortir goûter avec des copines ou pour aller
faire du shopping !
5/ Ton bel ouvrage illustré Le manuel de survie pour la réussite scolaire de mon enfant est
édité aux éditions Tournez la page. Les personnages sont ronds a contrario de
tes personnages japonais aux visages plus anguleux. Raconte-nous la naissance
de cet album.
J'ai été
contactée il y a un an à peu près par Christelle Durantin, la directrice
artistique de cette jeune maison d'édition. J'avais envie de m'adresser aux
femmes actives depuis que je suis illustratrice, et le projet qu'elle m'a
proposé collait parfaitement avec ça, j'ai donc accepté avec beaucoup de
plaisir. Il y a eu des moments un peu compliqués parce que les dates de rendu
des images étaient serrées et que j'étais sur la création d'un autre livre à ce
moment là, mais notre collaboration a été très intéressante.
6/
Quelles techniques utilises-tu ? Quelles sont celles que tu
préfères ?
Comme tu
l'as noté, il y a deux volets dans mon travail : une partie avec des petits
bonhommes ronds, et la deuxième avec des personnages aux traits plus anguleux.
Dans le
premier cas, je commence par un croquis sur un carnet, que je scanne. Le reste
de la réalisation se fait par informatique, sous Photoshop. Pour le deuxième
style je fais tout le dessin au crayon à papier, ainsi que la plupart des
motifs, puis je scanne le tout pour faire la colorisation sur ordinateur, en y
ajoutant des textures papier piochées à droite ou à gauche.
Clairement,
mon outil fétiche est le crayon à papier ! J'aime beaucoup la peinture à
l'huile également, mais malheureusement ça fait longtemps que je n'ai pas eu le
temps de m'y replonger.
7/As-tu
des projets en cours à la recherche d’éditeurs ? Peux-tu nous en parler en
quelques lignes ?
Je
collabore avec une auteure, Mathilde Pascal, qui m'a écrit un très joli texte
jeunesse autour du thème du Moyen-âge. J'ai hâte de pouvoir commencer à
travailler dessus, le temps m'a malheureusement fait défaut jusque là.
J'aimerais
aussi élargir mes horizons et illustrer des livres parascolaires ou de la
presse féminine. Je travaille activement dessus en ce moment.
8/ Tu as
une autre corde à ton arc puisque tu donnes aussi des cours de dessin. Peux-tu
nous en dire un peu plus ?
Oui, tout
à fait ! J'ai commencé à donner des cours de dessin lors de ma dernière année
d'étude. J'avais l'intention de le faire depuis quelques temps déjà, depuis que
je m'étais rendue compte du plaisir que je prenais à aider et à expliquer des
techniques aux élèves des premières années, à Emile Cohl. A la sortie de
l'école, j'ai mis des petites annonces dans Lyon pour proposer des cours
particuliers et aujourd'hui j'enseigne au rythme de deux/trois cours par
semaine.
C'est évidemment
un petit complément de revenu, mais c'est aussi pour moi l'occasion de sortir
un peu de la maison, de communiquer avec des gens, et de garder une forme
d'autodiscipline. En effet, parler des règles à des élèves, leur expliquer
comment regarder un modèle, comment tracer des traits me permet de les
appliquer plus facilement dans mon travail d'illustration.
Merci
Christine de t’être prêtée au jeu, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir
ton univers.
Merci à
toi pour cette interview !
Book en ligne : http://christinalcouffe.com/
Publications :
Manuel de survie pour la réussite
scolaire de mon enfant , de Stéphane Vallée et Christine Alcouffe, aux Editions
Tournez la Page.
Les Mystérieux habitants du Piano,
livre interactif de Mathilde Pascal et Christine Alcouffe, à paraître aux
éditions Zabouille.
Le 21 mars : sortie d'une interview
et de deux tutoriels dans le magazine Hors Série Advanced Creation.
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